Je me souviens des interclubs d’athlétisme vécus autrefois avec Dour Sports. Ces jours-là, les émotions liées au sport étaient plus fortes que jamais car l’effort individuel se transformait en travail d’équipe, chacun apportant à son team les points mérités par sa performance à la perche, au lancer du marteau ou au 110 mètres haies. Mais le point culminant de ces journées était sans doute atteint lors des relais qui, traditionnellement, les clôturaient. 4 x 100 m d’abord, rapide et nerveux, dans la crainte qu’un relayeur lâche le témoin ou le passe hors zone. 4 x 400 m, surtout, car plus long, plus haché, plus fertile en suspense et en rebondissements (au plus haut niveau, voir les performances de nos "Belgian Tornados", frères Borlée et consorts).
J’ai personnellement connu mes plus grandes joies de coureur de fond au cours de deux relais vécus avec mes amis de Dour Sports. En 1991, lors des 24 heures d’Ath, notre quatuor (j’étais accompagné de Carlo Di Antonio, Bruno Cougneau et du regretté Jean-Michel Carton) l’emportait en bouclant un peu plus de 371 km (3'52"8 de moyenne ; il paraît que notre record tient toujours). Et l’année précédente, en 1990, notre team de dix coureurs remportait le tour de Belgique (1.000 km en 50 étapes de 20 km disputées en trois jours et demi, l’équipe étant divisée la plupart du temps en cinq binômes), réalisant là aussi un record avec 61 h 47’ pour 1.000 km, soit 3’42" au km.
Il y avait un peu de cette ambiance hier, sur la place d’Angreau, pour la deuxième édition d’un relais qui, "des jacinthes" en 2017, était devenu "des champs". J’avoue avoir craint que le parcours soit moins beau, et que la boue, dans le chemin de terre qui relie la rue des Halettes à la rue Polimont, transforme le relais en trail. Un tour de reconnaissance me rassura : bien que vallonné, le circuit était moins dur que celui de l’an passé (qui, sur trois kilomètres, obligeait à descendre et monter deux fois la vallée de la Honnelle !), et la boue du chemin de terre était escamotée par une idée de génie des organisateurs : faire emprunter aux coureurs la prairie parallèle ! Résultat : un parcours varié, avec descente vertigineuse et asphaltée vers la ferme du Seigneur, brève remontée sur chemin de terre vers les "fonds d'Angreau", magnifique et très roulante traversée de la prairie, nouveau passage sur chemin de terre, traversée de la rue Polimont (merci, au passage, pour leurs encouragements à Sergine et Thierry Potvin qui furent voici trente ans, avec mes parents, les premiers organisateurs du challenge) avant, fatalement, la remontée vers la N 553 et la place d’Angreau où se situait la zone de relais.
Résultat : 117 équipes classées hier contre 119 en 2017, soit un peloton équivalent. De belles bagarres, la gestion de l’effort étant ici prépondérante, et de beaux vainqueurs, le duo Mégret – Arnaud Meunier l’emportant en 30’21 devant le binôme Monjet – Vincent Cougneau (30’39).
Pour illustrer cet éditorial, quelle plus belle photo que cet autre peloton, celui des juments et de leurs poulains entrant dans la cour de la ferme du Seigneur, en 1976 ? Derrière eux, les prairies vallonnées où se déroulait autrefois le motocross international d’Angreau, signe que ce village est décidément sportif : rendez-vous le 12 août prochain pour la course du Poète ?